La photo de rue a ceci de très particulier qu'une fois l'instant passé, il ne revient plus. Personne ne pose pour vous, on ne peut pas la "refaire": Si peu de temps pour faire son cadrage et sa mise au point. Mais surtout, ce sentiment gênant de s'immiscer dans des moments intimes qui ne m'appartiennent pas et que personne ne m'a autorisée à capturer...
Et pourtant, prise spontanément à l'insu des protagonistes, elle reste une manière efficace de témoigner d'instants vécus; de se faire aussi le reflet d'une histoire, d'une culture; de garder figés des instants de vie et d’immortaliser des coutumes ou métiers qui disparaissent parfois au cours
du temps. Dans une librairie, j’ai d’ailleurs eu entre les mains un petit livre illustré qui répertoriait avec humour ceux de la Place Jemaa el Fna: une majorité de métiers dont mes enfants n’ont jamais entendu parler mais qui témoignent pourtant d’une réalité. Je suis donc plus convaincue que jamais de l’importance des photos pour « raconter, inspirer, révéler ». Ces photos, je les ai faites pour eux, pour leur montrer une réalité différente de celle qu’ils connaissent. Pour leur donner le gout d’ailleurs aussi, ainsi que celui des contrastes.
Photos prises début mars 2023, à Marrakech